Trophée de Côme

par Tinka K.

Yes ! J’ai réussi dans la vie ! Mieux qu’une Rolex avant 40 ans, je me suis glissé dans un coffee table book. Et pas n’importe lequel. Une œuvre unique, qui rime avec Monique, un livre de canap’ pour l’artiste Mokap ! Il faut dire que mon nom me destinait à un destin hors du commun : dans Côme tourbillonne tout le cosmos, ça donne le tournis, et parfois la grosse tête. La mienne se résume à de grands yeux, mais rien ne leur échappe. Depuis que je suis né dans cet appartement de la rue du Rocher, je ne cesse de m’émerveiller. C’est une vraie chambre de curiosités ici ! Une nursery à créatures insolites, et moi, je n’en suis pas des moindres.

Ok, mes frères et sœurs sont super originaux, grâce à leur créatrice qui fait des trucs de ouf avec des capsules de café, mais moi j’ai réussi à m’affranchir des murs, où restent accrochés Pneu tressé, Petit treillis bleu, Mokapium 119 et compagnie.  Trophée de Côme, de mon nom d’artiste, j’aime prendre de la hauteur et partir en vadrouille, accroché à une vraie tête d’homme ou de femme ! Grâce à ce privilège, je découvre des choses qui feraient halluciner mes frérots et sœurettes en aluminium. Ceux qui m’arborent fièrement suscitent toujours l’étonnement et l’hilarité, ingrédients indispensables à une vie réussie. Qu’est-ce qu’on s’éclate, moi et mes porteurs ! Sauf qu’en ce moment, je ne sors pas assez à mon goût. Et jamais après 18h, entre chien et loup, l’heure où les rencontres se font interlopes.

Dites à Mokap, dont j’adore le rire espiègle, que je commence un peu à m’ennuyer. Soyons fous, proposez-lui de m’emmener en balade. Vous verrez, la mornitude ambiante changera de couleur (café !).


par Bénédicte L. du P.

L’artiste a su répondre à cette demande par amitié, plus que par inclination naturelle pour ce type de sujet comme vous l’aurez vu et apprécié dans ce magnifique catalogue de ses œuvres.

Elle a su saisir l’âme profonde de la chasse et …du Chasseur tout en renouvelant profondément le genre Trophée. Faisant fi de toute une tradition de taxidermie, elle a décidé d’oublier les règles de l’empaillage qui consiste à donner un aspect « vivant à des animaux morts ». Elle s’est placée résolument de côté, et a décalé son regard et le nôtre. Oubliés pelage et bois, elle a choisi la matière « capsulaire » aux teintes chaudes et brillantes.

Ce choix des couleurs est un subtil rappel des feuillages d’automne, saison reine de la chasse. Son travail sur le regard est particulièrement notable, de beaux yeux noirs brillants ourlés de longs cils, en lieu et place de l’œil de verre vide habituel, nous appelle à l’humour et à la légèreté. Par cette œuvre profondément « recyclée », l’artiste a su renouveler le pari toujours fécond de la création ignorant les conventions, et réunissant au sein de cette sculpture d’un nouveau genre des mondes habituellement opposés : chasse et écologie.

Cette œuvre est à son image, attentive, créative et pleine d’humour.

Année

2010

Notes

Collection particulière