Lignes de piscine

par Juliette D.

Par cette piscine, Mokap s’inscrit dans la lignée des piscinistes (Hockney, Bungaman, Buffalino…) et nous offre, par un habile jeu de lumière, des bleus variés, tous pourtant issus de la même capsule monochromatique. Les carrés blancs savamment inclinés nous laissent percevoir l’ondulation de la surface de l’eau, tandis que les noirs rappellent en écho l’ombre des ondulations au fond de la piscine. C’est par cette avancée timide au-delà de la deuxième dimension que Mokap nous transporte vers la véritable troisième dimension : la profondeur.

Il faut aussi noter les proportions de l’œuvre, qui s’éloignent du trop classique nombre d’or pour s’étirer jusqu’à atteindre le deux pour un, qui laisse la place au regard et au nageur de se déplacer doucement, sans tout saisir de la piscine en une seule fois.

Son amour pour l’eau, Mokap le cultive dès son plus jeune âge, habitant de part et d’autre de la Méditerranée (elle naît à Blida en 1961 et passe son enfance et son adolescence dans le Sud de la France – en témoigne sa prononciation méridionale du « un »). La vaste mer de son enfance se voit contrainte dans des piscines lors de son arrivée à Paris, auxquelles fait référence cette œuvre. Plus tard dans son œuvre, Mokap entamera un véritable mouvement pour la libération de l’eau avec le découpage systématique des bouteilles qui l’enferment.

Mokap est donc une artiste libératrice, dont la démarche permet de libérer l’objet de sa fonction d’encapsulation et d’enfermement, libérant par là même son contenu, et de lui donner une nouvelle forme, une nouvelle unité, une nouvelle perspective.