Hommage à Vasarely

par Philippe He.

Cette œuvre géométrique, sombre et lumineuse, hypnotise. L’artiste attire notre attention par un dégradé assez rapide de capsules caféinées: on ne passe d’un doré brillant au noir le plus profond qu’en 2 étapes intermédiaires (rouge et bleu nuit). C’est d’un effet visuel bluffant qui illumine la salle d’exposition. Cet effet visuel exploite la faillibilité de l’œil humain à travers un jeu d’optique, car notre organise visuel interprète et « lisse » le dégradé proposé par les petits objets métalliques disposés en carré sur le support.

Il s’agit bien d’OpArt, ou art optique, dont Vasarely, Jesus Rafael Soto, Bridget Riley ou encore les artistes du G.R.AV. (dont le propre fils de Vasarely, Yvaral) sont les représentants. Dans la lignée du Pop Art, et proche de l’Art cinétique, ces œuvres sont toujours abstraites, ce qui est bien le cas ici. La symétrie parfaite de l’ensemble ne permet pas de distinguer le haut du bas et la droite de la gauche : seule la signature de l’artiste pourra nous indiquer comment accrocher ce tableau en relief au mur.

Son intérêt dans le parcours artistique de Mokap provient de sa proximité avec l’art cinétique (sous-mouvement qu’on appelle donc optico-cinétique) car le regardeur notera qu’en se déplaçant autour de l’œuvre bien éclairée, des reflets chatoyants apparaissent et modifient la perception de l’ensemble. L’artiste a souvent utilisé ces effets dans d’autres œuvres grâce aux propriétés réfléchissantes des capsules métalliques (dans Sapin de Noël, 2011 ; Coques, 2012 ; ou sa fameuse Carpe). Il conviendra donc de régulièrement épousseter l’œuvre afin de lui préserver toute sa force évocatrice.

Enfin, c’est en connaissance de cause que l’artiste a travaillé et nommé cette œuvre: chacun aura deviné que Mokap rendait là un hommage bien mérité à Vasarely, Victor de son prénom, bien connu pour ses œuvres géométriques, en particulier dans les années 50 et 60. Comme Vasarely avait travaillé sur le logo de Renault ou celui de RTL, c’est un clin d’œil pertinent que de se référer à lui via une autre marque bien connue du grand public, Nespresso (groupe Nestlé).

Je suggère vivement à la Fondation Vasarely d’organiser une exposition Mokap, car aujourd’hui c’est un hommage à cette artiste engagée, dans un mouvement artistique au frontière de l’art optique, de l’art cinétique, du pop art : l’art métallique recyclique. Il est temps de valoriser ces œuvres et de donner ses lettres de noblesse à ce courant d’avenir.