8 mai à huis clos mais pavoisé

par Pierre P.

« I dit it my way » chantait Sinatra, Mokap a choisi ses munitions, ses iconiques capsules. Parce que c’est l’art qui sauvera non seulement le monde mais aussi la beauté, pour 8 mai à huis clos mais pavoisé, (#8MAHCMP) l’artiste renoue avec un motif, le drapeau français, qu’elle revisite. Dans son œuvre, elle fait se percuter arte povera et art brut et rappelle incidemment que seul l’art peut apporter une fantaisie bienvenue aux symboles patriotiques.

Comme les vagues de la Méditerranée sur la rive sud qui ont bercé sa jeunesse, l’artiste fait dialoguer les cultures. Parce que la fraternité n’est pas un entre-soi, elle fait déferler l’aluminium laminé bleu, blanc et rouge qui s’entrechoque en un tsunami tricolore.

Comme souvent avec Mokap, dans #8MAHCMP, c’est la matière qui est à l’honneur. Voyez donc ces fines bandes d’un métal étiré : sont-elles douces et suaves comme un café ou bien aiguisée comme une dague ? Là est l’ambiguïté et là est la beauté créatrice. Entre le sage à-plat apolinien d’appparence et la fureur dyonisiaque de la déferlante qui s’en dégage, l’artiste ne tranche pas et fait vivre intensément le débat.

Telle l’artiste prophète qu’elle est, et parce que la taquinerie n’est jamais finie, Mokap signe en 2014 une œuvre d’une anticipation aigue : six ans avant le premier confinement, elle préfigure le quotidien des héros domestiques de 2020. Dans cette inspiration libre des Compressions de César, Mokap rappelle que le huis-clos n’est pas un confinement.

Fidèle à son credo joyeux, et parce que Sinatra chantait aussi « Get happy » avec son œuvre dans #8MAHCMP, l’artiste pavoise nos vies comme un feu d’artifices du 14 juillet…même si on est un 8 mai, ou un 14 mars, enfin vous m’avez compris, pavoisons, pavoisons !