What else ? Les réponses de Mokap

Mokap, c’est l’audacieux rapprochement de deux mots absolument étrangers l’un à l’autre : Monique et capsule.
Monique, buveuse de café comblée, s’est laissée envahir depuis 2005 par la transformation de capsules de café en aluminium.
Tout à la fois banal et superflu, générateur de confort, express, design et à la mode, ce cylindre coloré est l’objet moderne par excellence, contenant et figure de la modernité. Dans l’éclat métallique du contenant se reflète le mythe productiviste de l’Occident industriel et le feu lointain des fourneaux des rois indiens de l’aluminium.
L’odorante noirceur du contenu renvoie à la terre exotique et profonde qui exhale sa puissance, primitive et coloniale.
L’élégante typographie d’un N habilement paraphé flétrit sournoisement d’une marque consumériste omniprésente notre condition d’homme porte-monnaie.
Estimant sans doute que rien n’est trop beau pour son café, la multinationale suisse a eu le génie de concevoir un objet esthétique et ordinaire, encore trop beau après usage.
Voir, saisir et exploiter cette potentialité : Mokap est née.
Mokap œuvre dans son atelier domestique, dans sa cuisine. C’est là que se trouvent la plupart de ses outils de prédilection : couteaux, piques, ciseaux, fil de fer ou fil de cuivre, agrafes et ce coup de talon qui écrase ce que la main redresse ensuite. La marque et le métal se retrouvent méthodiquement dénaturés et ressourcés. La marque s’est effacée, le métal est méconnaissable, la capsule n’est presque plus : l’art peut naitre dans les relents de café qui s’estompent
Mokap transforme, assemble, donne de la cohésion, croit maîtriser et se laisse emporter.
Mokap parvient à sublimer le grotesque d’un petit rouage porteur de l’illusion de la modernité. Son œuvre nous rappelle que nous sommes semblables à ces capsules : écrasés entre Ciel et Terre dans la misère de nos engagements, tandis que dans le fond de nos cœurs et dans la forme de nos âmes, vibre la possibilité de magnifier faiblesses et renoncements en participant, à notre échelle, à la grande résistance à l’enlaidissement du Monde. Les œuvres de Mokap sont des vanités postmodernes, véritables memento consumeri nous rappelant notre condition d’esclaves de la société d’abondance
Mokap, par son œuvre, apporte des réponses à la question rhétorique qui ponctue la communication de la marque au N et pend à jamais des lèvres de l’égérie de la marque : « What else ? ». Quoi d’Autre ?
Mokap nous dit que, oui, il y a autre chose : derrière le vide des capsules et celui de la postmodernité désenchantée, derrière les sortilèges de la société de consommation, il y a toujours battants, parfois tus mais jamais morts, l’instinct créateur, l’Art, la Vie.